Au pluriel, tous les mots se terminant par « au » et par « eau » prennent un… sauf… Oui, vous connaissez les constantes orthographiques. Mais là, vous risquez d’avoir quelques surprises.
Un bateau, des bateaux, d’accord. Mais pourquoi un landau des landauS ? |
Tous
les mots finissant par « au » et par « eau »
prennent un « x » au pluriel. Normalement, vous avez
appris cela en primaire. C’est ce que l’on appelle une constante
orthographique (sujet du jour). Pourtant – vos enseignants vous
l’ont sûrement dit plus tard –, deux mots d’origine allemande,
« landau » et « sarrau » (blouse de travail),
font entorse à cette règle (des landaus, des sarraus).
De
la même manière, vous avez assimilé au cours de votre enfance bien
d’autres constantes orthographiques : les mots finissant au
singulier par « s », « x » ou « z »
ne changent pas au pluriel ; les mots commençant par « dif »
prennent toujours deux « f »…
Toutes
ces constantes, ou presque, sont suivies dans leur formulation d’un
petit mot que vous n’avez jamais entendu prononcer sans qu’un
petit « gloups » ne vienne titiller vos amygdales… :
« SAUF ». Les noms communs commençant par « ab »
ne prennent qu’un seul « b », sauf « abbé »
et les mots de sa famille ; les mots en « ou »
prennent un « s » au pluriel, sauf « bijou,
caillou, chou, genou, hibou, joujou, pou », auxquels certains
ajoutent aujourd’hui « ripou » (pourri en verlan)…
Constantes orthographiques : entre laxistes et rigoristes
Vous connaissez sûrement le Bled, ce petit manuel qui donne un grand nombre de
constantes orthographiques. [Personnellement, je n’ai pas été
« élevé » au Bled, mais beaucoup de personnes m’en
parlent avec une nostalgie telle qu’un Marcel Proust devait en
ressentir lorsqu’il évoquait sa madeleine.] Bon, j’approuve :
c’est très bien de nous donner toutes ces petites astuces qui nous
simplifient la vie, mais encore faut-il qu’elles nous la
simplifient vraiment. Un professeur a voulu un jour me faire avaler
une prétendue « constante orthographique » de…
quarante et quelques exceptions ! ? ! N’en jetez
plus !
Excès
inverse, certains manuels refusent aujourd’hui d’évoquer ces
techniques de mémorisation, arguant que seule la visualisation des
mots permet de retenir leur orthographe. Et puis, vous pensez :
être obligé d’apprendre quelque chose par cœur ! à notre
époque !
Mes
élèves et stagiaires sont pourtant bien contents de savoir que tous
les mots finissant par le son « eur », même lorsqu’ils
sont féminins, s’écrivent « e-u-r », sauf (ça, on
n’y coupe pas) : « beurre, demeure, heure, heurt et
leurre ». Cela leur évite bien des erreures.
De même, combien de fautes seraient évitées si l’on retenait que tous les adjectifs en « gable » se terminent bien ainsi (fatigable, irrigable), excepté – parce qu’il en fallait bien un pour se distinguer – distinguable ?
C’était pourtant génial
Ces
constantes, utiles, efficaces, faciles à mémoriser, ne sont pas
plus de trente. Elles concernent plusieurs milliers de mots. Aucune
d’entre elles ne dépasse les dix exceptions… Enfin,
encore faut-il être assez prudent en la matière. Il arrive en effet
que, tout heureux d’avoir appris une telle règle dans un ouvrage
de « référence », on tombe un peu des nues lorsque l’on
rencontre une exception que notre livre, « pourtant génial »,
ne mentionnait pas.
Pour reprendre l’exemple du pluriel des mots en « au » et en « eau », nombre de manuels sont catégoriques : les seules exceptions sont « landaus » et « sarraus ». Et les unaus alors ? Ces mammifères d’Amérique tropicale ! Et les graus ? Ces petits chenaux du Languedoc ! Voici quelques mois, mon regard s’est arrêté sur un autre mot, désignant un bateau : un senau. Pluriel : des senaus !
Sur le même thème, vous aimerez aussi : Tous les bleus des cieux, les mots se terminant par eu.
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Un joli article avec un zeste d'humour qui mérite bien un petit exercice d'application :
RépondreSupprimerhttp://mamiehiou.over-blog.com/les-noms-qui-se-terminent-par-au-aux-aus-eau-eaux-eu-eux-eus-oeu-oeux-ou-oux-ous
Vos lecteurs le feront en un clin d'oeil, j'en suis bien sûre. Zest !
Bonne journée !
Merci bien, Mamiehiou ! Je conseillerai également volontiers votre test sur les participes passés. Il est assez "diabolique".
RépondreSupprimerMon premier est un ordre
RépondreSupprimermon second est premier,
mon tout prit l'eau après un mile nautique.
Qui suis-je et ou coulais-je?
Un ami d'une cousine répond le Vasa, à Stockholm. Va(s)a. C'est bien cela ?
RépondreSupprimerMerci,Hervé ! Je ne pense pas devoir modifier ma méthode grammaticale pour y inclure "ripoux"... Mais les deux noms en -aus retiennent toute mon attention. Une dictée perverse pourrait me faire chuter. Qui sait ? 😉😊
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerArticle très intéressant, comme toujours !
RépondreSupprimerMerci Xavier ! Cela me fait vraiment plaisir de recevoir de vous un « signe de vie ». Si vous avez trouvé un groupe dans lequel vous aimez « sévir », n’hésitez surtout pas à me le faire connaître.
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