Regardez cette photo ! Vous voyez cet accent sur le E de PENSÉES ? Cet ouvrage a pourtant été publié en 1683. En français, contrairement à beaucoup d’idées reçues et fort tenaces, il convient d’accentuer ses majuscules. Voilà pourquoi !
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Une édition de 1683 des Pensées de Pascal ! Malgré les contraintes techniques que cela représentait, la majuscule est bien accentuée. (Photo publiée avec l’aimable autorisation de M. Pierre Brillard) |
Dans
ce même livre, l’auteur
(typographe et professeur d'université) fait un bref historique de cette accentuation particulière. Et il
insiste :
« En typographie française, et depuis le courant du XVIe siècle, on met les accents sur les bas de casse et sur les capitales (il n’y a pas à faire de différence entre l’accentuation des minuscules et des majuscules : c’est la même règle qui s’applique dans les deux cas de figure) […] »
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Une réédition de 1948.
Les bons éditeurs, ici Gallimard, ont toujours cherché à accentuer
les majuscules.
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Yves
Perrousseaux précise également que, malgré les difficultés
techniques, les bons typographes ont toujours ajouté (quand cela
leur était possible, et manuellement s’il le fallait) des accents
sur les capitales.
La
fin du XIXe siècle marque cependant un tournant dans
l’histoire de cette accentuation : les imprimeries françaises
s’équipent de machines composeuses de conception anglo-saxonne,
conçues pour l’anglais, une langue non accentuée ! À la même
époque, des machines à écrire elles aussi anglo-saxonnes
envahissent les bureaux et les secrétariats… Aucune convention n’a
jamais empêché typographes et autres professionnels d’accentuer les
majuscules, seul un matériel inadapté les y a contraints pendant
près d’un siècle.
Accent sur les majuscules : un maire tué dans sa ville
À
partir des années quatre-vingt-dix, l’usage des traitements de texte
a enfin permis de remédier à cette infirmité. Pourtant, l’idée
selon laquelle on n’accentue pas les capitales demeure encore vivace.
On remarquera d’ailleurs que de nombreux textes sont « mixtes » :
quelques capitales sont accentuées, d’autres non. Mieux vaut éviter
ce mélange des genres qui dénote un certain manque de suite dans
les idées, voire de la négligence.
Ce
n’est peut-être qu’un détail, mais dans un CV, la présence de
majuscules accentuées révèle une bonne maîtrise du traitement de
texte utilisé (si de plus vous vous appelez Éric Ébrazia ou Ève
Êgleton, et que vous ne souhaitez pas que l’on écorche votre nom,
une telle accentuation s’impose).
Oui,
cet usage fait aujourd’hui beaucoup plus professionnel. Il permet
surtout de délivrer des messages plus clairs, dénués de toute
ambiguïté. Imaginez par exemple un journaliste de province tenant
mordicus à son idée de ne pas accentuer les capitales. Il aimerait
intituler son nouvel article : LE MAIRE DE TROUFFIGNAN TUE DANS
SA VILLE. Le hic, c’est que c’est le maire de Trouffignan qui a été
tué dans la nuit.
Savez-vous pourquoi il convient de mettre des traits d’union dans les noms de rue : boulevard Georges-Pompidou, rue Jean-Bodin, impasse Maximilien-Robespierre… La réponse est ici : Les traits d’union dans les noms de rue.
Savez-vous pourquoi il convient de mettre des traits d’union dans les noms de rue : boulevard Georges-Pompidou, rue Jean-Bodin, impasse Maximilien-Robespierre… La réponse est ici : Les traits d’union dans les noms de rue.
L’OCÉAN EST SALE, L’OCÉAN EST SALÉ
RépondreSupprimerJ'ai lu quelque part que Gutenberg lui-même recommandait d'accentuer les capitales
Merci pour ce nouvel exemple, Xavier ! Il est en effet très explicite.
RépondreSupprimerJ'ai moi même un accent dans mon Nom de famille
RépondreSupprimerJ'ai vérifié, c'est exact.
Supprimer:D