mardi 12 novembre 2019

C’est Rimbaud qu’on assassine (défense de la langue française)

Défense de la langue française ! Petit inventaire – réel et non exagéré – de toutes les modes, idéologies et pratiques qui pourraient bien venir à bout de notre langue. On commence ?

Visage de Rimbaud jeune, à côté d’un Viking caricaturé, hache à la main, disant « MDR ».
Par pitié, non ! Pas Rimbaud !

Que notre langue est belle ! Ne trouvez-vous pas ? Et pourtant…
  • Il y a ceux qui tiennent mordicus à supprimer certains accords du participe passé : « La décision qu’elle a pris. » (Bof.)
Il y a aussi…
  • Les partisans de la féminisation de certains noms de métier et de fonction : « La substitute rapporteuse aurait préféré être professeure ou sapeuse-pompière. » (Mouais !)
  • Les acharnées de la féminisation : « Les substitutes rapporteuses ont rendu femmage à leur [leure ?] cheffe. » (Ouf ! Dans cette nouvelle langue, « rendre femmage » est l’équivalent de « rendre hommage ».)
  • Les ardents défenseurs de l’écriture inclusive : « Mais au pays de la Déclaration des droits humains et du·de la citoyen·ne, les Français·e·s sont très divisé·e·s sur la question. » (Heurk !)
À noter que certains essaient de militer à la fois pour l’écriture inclusive et contre les participes passés : « Les lycéen·ne·s que j’ai vu, vu·e·s… Punaise ! Mais c’est impossible ce truc… » (Bon courage !)

Défense de la langue française : les autres démolisseurs

Parmi les fossoyeurs de notre langue, il convient de ne pas oublier :
  • Les tenants des Rectifications de l’orthographe de 1990 : « Un piquenique dans un fiord entouré d’iglous, c’est mieux qu’un hotdog sans gout pris dans un fastfood au milieu des gratte-ciels… » (Brrrr !)
  • Ceux qui, parmi les Français, estiment pouvoir faire ce qu’ils veulent de leur langue (c’est la leur) et se moquent bien de parler ou d’écrire selon les critères de « vieux schnocks habillés tout en vert (des académiciens qui, en-plus-et-tout-le-monde-le-sait, sont d’affreux réactionnaires misogynes) » : « Quoiqu’ t’en dit, je m’en fout. » (Honk !)
  • Les adeptes d’un nouveau langage commercial qui s’étend peu à peu à toute la population : « J’te call demain pour le prochain brainstorming avec le CEO. » (Plaît-il ?)
  • Quelques fanatiques de l’écriture phonétique : « Q'ē-çe qe vou ne conprené pa? » (Gloups !)
  • Les accros de l’écriture SMS : « Bjr sava mdr. » (Ah ben voyons !)


Adieu Rimbaud, Verlaine, Péguy, Prévert…

Reprenons toutes ces revendications, toutes ces pratiques, secouons bien le tout, et voici ce à quoi pourrait ressembler notre langue dans quelque quarante ou cinquante ans :
« To be or not to be French ? »

À moins qu’elle ne ressemble plutôt à :
« Mouais, ouf, heurk, bug, honk, sava… Group-group, lol. »
Un dinosaure mange tranquillement et dit « tiens, les revoilà », en regardant, étonné, un homme redevenant singe (évolution à l’envers).

Défense de langue française ! Voilà, notre petit inventaire est clos. Prenons simplement conscience de ce que nous léguerons à nos enfants. Certains d’entre eux auraient pu devenir de grands écrivains, des poètes, des Chateaubriands, des Bernanos, des Préverts ou des Verlaines. En laissant notre langue aux mains de démagogues et d’idéologues de tous poils, ce sont ces vocations que nous tuons dans l’œufC’est Rimbaud qu’on assassine !

Rimbaud, adolescent et rêveur. Dessin.

« C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons [] »

                                                                               Rimbaud, Le Dormeur du val                                                   
 
« Oh nooon ! J’ai fait cette faute en envoyant mon CV… » Vous ne voudriez tout de même pas qu’une telle mésaventure vous arrive à vous aussi ? Alors peut-être devriez-vous jeter un œil sur cette règle si particulière : l’accord de ci-joint.