Un soir de pleine lune, une
conversation sur le réseau social Linkedln… Et le devoir
m’appela : le point-virgule avait disparu. Je suis Harry. Harry Martin. Détective privé.
![]() |
Tout commença par un soir de pleine lune. |
« Un jour sans »,
comme on dit. La journée d’un privé qui s’apprête à la
terminer comme il l’a commencée : les pieds sur le bureau à
attendre qu’une mémé ayant perdu ses clefs toque à la porte
vitrée de son agence pour le supplier de les retrouver.
Mon cendrier était plein, ma
cafetière vide, ma bouteille de scotch bien entamée.
Un petit clic sur le réseau
professionnel Linkedln et tout s’accéléra. « Sauvons le
point-virgule ! » lançait un certain Xavier dans un
message adressé au groupe « Du bon usage de la langue
française ». [Conversation réelle, à laquelle cet article tente d'apporter sa petite pierre.]
Mes pieds rejoignirent le sol et
les roulettes de mon fauteuil pur skaï crissèrent sur le sol pour
se rapprocher du bureau. C’était une affaire pour moi !
Le point virgule… Quand Harry mène l’enquête
Damned ! Dans cette
discussion, les différents intervenants semblaient avoir déjà
fait le tour de la question : « Permet une pause plus
longue que la virgule, moins longue que le point » ;
« donne de couper un discours un peu trop dense » ;
« ajoute une dynamique à des phrases qui pourraient être
autrement séparées par des points »…
Ni une ni deux, je pianotai fiévreusement unmondesansfautes sur mon PC.
Et une virgule changea le cours de l’Histoire… Non, ce n’était pas cela ! Ah,
voilà. Je passai très rapidement sur le récit sans intérêt d’un
détective un peu paumé pour arriver au cœur du sujet. Je lus :
« Mon privé aime le scotch ; moi, non
« Deux
cas de figure où j’utilise fréquemment le point-virgule sans
qu’il puisse être réellement remplaçable par un point ou par une
virgule.
« –
Le premier concerne les énumérations. Imaginons le contenu de la
mallette de notre détective : un couteau suisse, un briquet,
une lampe torche, un passe-partout.
« “Ben !
Il est où le point-virgule ?” me demanderez-vous. Et je
vous répondrai qu’effectivement il n’est pas indispensable ici.
Mais il se peut que vous ayez à ajouter des précisions sur les
éléments de cette liste : un couteau suisse, vieux souvenir de ses années de scoutisme ; un briquet ;
la lampe torche, achetée en promo l’an dernier ; un
passe-partout (“au cas où”)…
Essayez de
mettre des virgules ! Vous vous rendrez compte que notre
point-virgule est idéal pour permettre au lecteur de bien distinguer
tous les éléments de cette énumération.
« –
Le second cas ? Le point-virgule me permet d’éviter de
répéter un verbe (et de donner du dynamisme à mon propos) dans ce
genre de phrase : “Mon
privé aime le scotch, la bière ; moi, non.” Ce
qui est plus facile à lire et moins ambigu que : “Mon
privé aime le scotch, la bière, moi, non.”
»
L’affaire était dans le sac
![]() |
« Mon affaire était bouclée. Encore un succès ! » |
Voilà !
Moi, Harry Martin, je venais de retrouver deux indices
supplémentaires pour prouver que le point-virgule était
indispensable. Mon enquête était bouclée. Encore un succès !
Il ne me
restait plus qu’à en informer Xavier sur Linkedln : « Xavier,
un détective privé vient de retrouver votre point-virgule. Lisez !
Vous serez étonné. »
Je m’apprêtais
à éteindre mon écran quand mon regard s’arrêta sur cet autre
message : « Attention, l’accent circonflexe risque de bientôt disparaître sur la plupart des i et des u. »
Je reposai mon
chapeau sur la table. Les affaires reprenaient.
P.-S. (1)
Toute ressemblance avec des personnes réelles… (quoique).
P.-S. (2) Le
message de Harry Martin a effectivement été envoyé à Xavier sur
Linkedln.
P.-S. (3) Cet article sur la virgule risque également de vous étonner : Le « et » et la virgule… Je t’aime, moi non plus.
Une formation en orthographe à Brest ? Je consulte le catalogue Un monde sans fautes.
P.-S. (3) Cet article sur la virgule risque également de vous étonner : Le « et » et la virgule… Je t’aime, moi non plus.
Une formation en orthographe à Brest ? Je consulte le catalogue Un monde sans fautes.
Damned !
RépondreSupprimerJe n'avais pas encore lu votre article.
Mais il n'est jamais trop tard...
Et je n'ai même pas réussi à placer un point-virgule. Allez, juste pour le plaisir ;-)
Bien cordialement
Et ne pas oublier que le point-virgule est précédé et suivi d'une espace ; comme pour le point d'interrogation, le point d'exclamation et le deux-points. Pas de majuscule après le point-virgule.
RépondreSupprimerMerci pour ce billet amusant et instructif. Une autre disparition programmée m'inquiète: celle du "ne" à l'oral, dans les phrases négatives. C'est pourtant une particularité de notre langue que d'exprimer la négation par la combinaison de deux éléments: "ne... pas...". Cette spécificité du français devrait être préservée, comme un élément de notre patrimoine linguistique et culturel. À la radio, journalistes et invités se passent systématiquement de la première partie de la négation, ce qui donne à leurs propos une allure tout de suite un peu négligée. C'est dommage.
RépondreSupprimerMerci à vous ! Je partage votre « inquiétude » concernant cette disparition du « ne » à l'oral, d'autant plus que je la constate également, de plus en plus souvent, à l'écrit… Alors je corrige.
Supprimer