Rentrée des
classes oblige : cette semaine, petites révisions sur l’accord
des adjectifs numéraux… histoire de ne plus faire de fautes sur
vos cahiers (pour les plus jeunes) et sur vos chèques (pour les plus
grands). Un, deux, trois, partez !
« “Super”,
la rentrée ! Perso, j’aurais encore préféré des
participes passés… »
|
Même
lorsqu’ils sont exceptionnellement employés comme noms, les
chiffres ne s’accordent pas : un joueur de poker, par exemple,
peut avoir quatre sept en main. (Il convient de rappeler que zéro,
million, billion, milliard, sont des noms communs et non des
adjectifs numéraux : ils s’accordent.)
Jusque-là, c’est
enfantin ! Et retenons une fois pour toutes que mille, adjectif
numéral, ne prend jamais de « s », y compris dans
l’expression « gagner des mille et des cents ». Aïe !
L’expression qui fâche : pourquoi mettre ici un « s »
à cent et pas à mille ?
Si les adjectifs numéraux sont toujours invariables, il existe tout de même deux exceptions : vingt et cent.
Excepté les Vincent (accord de cent et de vingt)
Vingt et cent prennent un
« s » quand ils ne sont pas suivis d'un adjectif numéral
et qu’ils sont multipliés par un chiffre supérieur ou égal à
deux (pour vingt, il n’existe que le cas du quatre :
quatre-vingts chaises). Ils demeurent autrement invariables.
On copiera sur son cahier
« deux cents lignes » (cent est ici multiplié par deux
et n’est pas suivi d’un autre chiffre, donc il s’accorde),
« deux cent deux mots » (cent est suivi d’un chiffre,
il ne s’accorde pas).
De la même manière, on écrira « quatre-vingts tableaux », mais « deux mille trois cent quatre-vingt-deux craies » (mille est toujours invariable ; cent est invariable puisque suivi d’un nombre ; vingt également invariable car suivi de deux).
Ne nous laissons pas non
plus tromper en écrivant, par exemple, « deux mille vingt
écoliers ». Ici, vingt n’est pas multiplié par quatre ;
il s’agit bien de deux mille (plus) vingt écoliers.
On suivra un raisonnement à peu près analogue pour les expressions « faire les cent pas » et « gagner des mille et des cents ». Dans le premier cas, il s’agit d’une seule centaine de pas ; de plusieurs centaines dans le second. Et le mot centaine que nous venons d’employer a son importance. Il explique à lui seul ces exceptions que constituent vingt et cent. Pourquoi ?
Accords de vingt et cent : tout sauf arbitraire
La langue française est
très logique. En même temps que l'explication de ces exceptions,
voici un petit moyen mnémotechnique pour savoir quand accorder vingt
et cent : on les accorde uniquement lorsqu’ils peuvent être
remplacés par vingtaine et centaine.
Et c’est justement parce qu’ils remplacent ces deux noms que l’on a continué à leur ajouter, dans ces cas-là, un « s ». « Deux cents billes » (deux centaines de billes) ; « Deux cent trois billes » (
Lorsque cent et vingt ne sont pas
suivis d’un adjectif numéral, ils sont donc assimilés à des noms
communs ; dans le cas contraire, ils demeurent des adjectifs
numéraux à part entière.
Jusqu’à la page deux cent
Plus que deux points à
examiner et vous serez fin prêts pour cette rentrée.
Pourquoi écrit-on « deux
cent mille élèves », sans « s » à cent,
et « deux cents millions d’euros » en en mettant un ?
Tout simplement parce que dans le premier cas cent
est suivi de mille (adjectif numéral, donc pas
d’accord) ; dans le second cas, il est suivi de million
(nom commun – comme déjà
signalé –, donc
accord).
Et le titre de ce
paragraphe, alors : « Jusqu’à la page deux cent » ?
Pourquoi ne pas mettre de « s » à cent ?
Essayez de remplacer cent par centaines !
Dans cet exemple, il faut comprendre : « Jusqu’à la
deux centième page. Cent désigne ici un rang et non plus une
quantité ; il est adjectif numéral ordinal et non plus
adjectif numéral cardinal (désolé pour les « gros »
mots).
On retrouvera ce même cas de figure, assez fréquent, dans la mention des années : « L’an neuf cent » (la neuf centième année) ; « Les années quatre-vingt »…
Vous avez appris quelque
chose ? Si vous le souhaitez, vous trouverez ci-dessous un résumé. Sinon, voici un autre petit rappel : Mil ou mille (quand peut-on écrire mil) ?
Accord des adjectifs numéraux… Résumons-nous
* Les
adjectifs numéraux sont invariables (les sept points cardinaux, deux
mille élèves).
« Eh mais c’est
Sauf que, à mon avis,
|
* Si
les adjectifs numéraux sont invariables, vingt et cent sont
considérés comme des noms lorsqu’ils ne sont pas suivis d’autres
chiffres. Ils sont alors remplaçables par vingtaine
et centaine et s’accordent alors comme n’importe
quel nom commun (trois cents surveillants, deux cent deux pions,
quatre-vingts parents, quatre-vingt-cinq professeurs).
* Parfois adjectifs numéraux ordinaux, cent et vingt ne peuvent plus être remplacés par vingtaines et centaines (ils sont alors synonymes de vingtième et centième) et sont là aussi invariables (la page quatre-vingt de ce livre, l’an six cent).
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Je croyais, qu'avec la nouvelle orthographe, le trait d'union était utilisé tout le temps dans les adjectifs numéraux...merci de m'éclairer :-)
RépondreSupprimerBonjour à vous ! Les Rectifications de l'orthographe de 1990 préconisaient en effet l'usage des traits d'union entre tous les adjectifs numéraux : « trois-cent-mille-cent-quatre-vingt-deux »…
SupprimerL'ancienne orthographe et la nouvelle étant toutes deux valides, je préfère pour ma part utiliser avec parcimonie ces traits d'union qui – à mon humble avis – alourdissent si facilement un texte. (Au sujet des Rectifications de l'orthographe, cf. aussi sur ce blog : « Réforme, pas réforme… et tutti quanti ».)
Bien cordialement.