Laissez-moi vous conduire au paradis des pléonasmes ! Chut… Entrez !
Leur marche à pied les conduisit à monter en haut d’une dune de sable. Trois pléonasmes en une phrase. Qui dit mieux ? |
Personnellement, j’ai une affection toute particulière pour ces innombrables assemblages de mots, la plupart du temps considérés comme fautifs, où le « je descends en bas » côtoie la « dune de sable », la « marche à pied », le « je monte en haut »… Tous ces bouts de phrase dont on sait pertinemment qu’ils sont pléonastiques (on nous l’a assez répété), mais que l’on se surprend parfois à prononcer avant de se dire intérieurement : « Zut, il m’a encore échappé celui-là ! »
Pléonasme : « Terme ou expression qui ne fait qu’ajouter une répétition à ce qui vient d’être énoncé » précise le Petit Robert, citant comme exemple vicié « prévoir à l’avance ».
« Faire une chute verticale »
Allons-y pour les plus courants : « ajouter en plus », « faire une chute verticale », « achever complètement », « une erreur involontaire », « comparer entre eux », « une heure de temps », « une petite maisonnette », « un monopole exclusif », « reculer en arrière », « passer en première priorité », « refaire encore » ou « répéter de nouveau », « il suffit simplement », « tous sont unanimes », « la topographie des lieux », « se réunir ensemble » ; « observer attentivement » ; « augmenter davantage ».
Encore quelques-uns ? Bon, d’accord : « commencer d’abord », « avérer vrai », « au grand maximum », « s’entraider mutuellement », « une apparence extérieure », « un hasard inattendu », « crier à haute voix », « mais… cependant », « mais… néanmoins », « mais… pourtant », « ainsi donc », « assez satisfaisant », « à haute altitude », « un faux prétexte », « un petit nain et un grand géant », « une double alternative », « car en effet », « se suicider soi-même », « un pédiatre pour enfants »…
Une secousse sismique ?!? Oui, pléonasme
Dans le même ordre d’idée, il sera tout aussi inutile de préciser d’un revolver qu’il est à barillet, puisque tous les revolvers en ont un, de dire d’un ciel – comme je l’ai encore lu récemment dans une enquête policière à succès – qu’il est constellé d’étoiles (constellé signifiant déjà parsemé d’étoiles).
Si le Petit Robert semble accepter aujourd’hui « dépenses somptuaires », le Dictionnaire des difficultés de la langue française (éditions Larousse) le considère toujours comme un pléonasme (somptuaire signifiant « relatif aux dépenses »). Il en est exactement de même pour « secousse sismique » (sismique venant du grec seismos signifiant choc, secousse).
Personne, en revanche, ne remet en cause des pléonasmes entérinés par le temps, tels que « saupoudrer de sel » (sau se traduisant bien par sel), ou tout simplement « aujourd’hui », formé de jour et de hui (venant de hodie = en ce jour). Mais n’en profitez tout de même pas pour abuser du très en vogue « au jour d’aujourd’hui » !
« Applaudir des deux mains » ! Pléonasme ou non ? |
Nous avons déjà parlé sur ce blog d’une autre expression qui peut être aussi considérée comme pléonastique. Nous nous contenterons donc de vous renvoyer à ce court article consacré à « assurer le gîte et le couvert ».
Et « applaudir des deux mains », pléonasme ou non ?
Sachant que l’immense majorité de nos congénères en ont bien deux, qu’elles sont toutes deux nécessaires pour accomplir ce geste… Oui, l’expression « applaudir des deux mains » est effectivement pléonastique. Elle fait d’ailleurs partie d’une liste de pléonasmes fautifs concoctée par l’auteur d’un livre, par ailleurs excellent, destiné à préparer des étudiants au concours très sélectif d’orthophoniste.
Le très rigoureux Dictionnaire des difficultés de la langue française mentionne pourtant laconiquement : pléonasme admis (donc non fautif). Ha ! Un pléonasme que l’on a le droit d’utiliser ! Et pourquoi donc ? Tout simplement parce que l’expression a pris une signification précise que le verbe « applaudir », utilisé seul, ne parviendrait pas à retranscrire : « Applaudir sans réserve. »
Pour envoyer un CV ou une lettre de motivation, pour transmettre un document à son patron ou à un client… Il vaut mieux savoir accorder ci-joint. Or l’accord de ci-joint répond à une règle bien précise, que beaucoup ont oubliée : Ci-joint, ci-jointe, ci-joints ?
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