jeudi 31 mars 2016

Nôoon !!! « Nous-mêmes » et « vous-même »… Quand même !

Accolé à un pronom personnel, l’adjectif même nous joue parfois de drôles de tours. Alors, avec un s ou sans ? Tout savoir en trois points (les deux premiers évidents, le troisième un peu moins).
Nous-même ou nous-mêmes, vous-même ou vous-mêmes
« Incredible !
Nous sommes nous-même ravie
qu’Un monde sans fautes rappelle to the
 French people l’existence du nous
 de majesté. »
« Toi-même ! » Cette réplique, bien connue dans les cours de récréation pour renvoyer la balle aux lanceurs de noms d’oiseaux, est des plus simples à écrire.
Lorsque même suit un pronom personnel, il est toujours (j’ai bien dit toujours) adjectif. Il s’accorde donc avec le pronom qu’il qualifie.
Il sera au singulier pour moi-même, toi-même, lui-même, elle-même ; au pluriel avec eux-mêmes et elles-mêmes.
N’oublions jamais le trait d’union !
Jusque-là, c’est simple, efficace, sans bavure.


Vous-même ou vous-mêmes ! (et il faut commencer à réfléchir)

Bien moins utilisé dans les cours de récréation, vous-même(s) est aussi un peu plus difficile à écrire.
Lorsque vous représente plusieurs personnes, vous-mêmes prendra évidemment un s : « Jeanne et Jean ! Avez-vous construit vous-mêmes cette cabane ? »
Cependant, si le vous utilisé est un vous de politesse, ne renvoyant qu’à une seule personne, vous-même s’écrira alors sans s : « Monsieur, vous l’avez dit vous-même hier. »
L’accord de nous-même répondra à une logique similaire… mais dans d’autres circonstances.

Nous-même ou nous-mêmes (là, c’est un peu plus gratiné)

Distraction ? Confusion avec vous-même(s) ? Des écrivains et journalistes, même aguerris, se laissent parfois piéger par l’accord de nous-même(s).
Il n’existe pourtant que trois petits points à retenir pour ne pas commettre d’erreur.
  • La plupart du temps, nous-mêmes s’écrit avec un s dans la mesure où le pronom nous représente quasiment toujours plusieurs personnes : « Jacques et moi avons nous-mêmes répondu à ce questionnaire. »
  • Il est néanmoins deux cas de figure où nous ne représente qu’une seule personne (en l’occurrence moi), et où nous-même demeure donc au singulier :
    . Avec le nous de majesté, peu courant : « Nous, Louis XIV, avons nous-même décidé d’accorder une grâce à… » ; « Nous, président de la République, avons nous-même pris la décision de… »
    . Avec le nous de modestie, souvent utilisé par les étudiants dans leurs thèses ou mémoires afin de ne pas répéter constamment je : « Ce document que nous [utilisé pour je] avons trouvé, nous a nous-même [utilisé pour moi-même] surpris. »
Soit dit en passant, il est étonnant ce nous de modestie, qui entraîne l’accord au pluriel du verbe et celui au singulier des adjectifs et participes passés qui le suivent ! Une étudiante qui l’emploie peut donc écrire sans fautes : « Nous sommes étonnée d’avoir nous-même écrit cela. »
Voilà ! Vous savez tout sur l’accord de l’adjectif même à la suite d’un pronom personnel. Maintenant, même peut aussi être adverbe et donc invariable… Vous reviendrez ?

Hélas ! les dictionnaires les négligent si souvent ! Ils fleurent pourtant si bon l’humus et les terroirs de France ! Tourangeaux de Tours, Lexoviens de Lisieux, Réginaburgiens de Bourg-la-Reine, Toutouvillais de Villechien Suivez-moi dans un monde plein de surprises et de poésie : les gentilés les plus originaux des villes de France.

Brest, orthographe, formation : c'est ici !

11 commentaires:

  1. Merci c'est très intéressant pour moi.

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  2. Bonjour,

    bravo pour votre blogue et tout ce qu'il apporte. Juste un bémol pour le titre avec "sansfautes". Puisqu'il n'y en a pas, que vient faire ce s ?
    Il est vrai que de nombreuses personnes qui s'auto-proclament cultivées - les énarques, les académiciens (sans majuscule bien sûr) notamment - font cette grave erreur. D'où la preuve qu'ils ne sont point cultivé, mais seulement du niveau de la maternelle... et encore.

    Bien cordialement
    Landry

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  3. Bonjour à vous,
    Merci pour ce commentaire et pour l'intérêt que vous manifestez pour Un monde sans fautes.
    Quant à la présence de ce « s » à « fautes », vous en trouverez l'explication dans l'article « Un monde sans fauteS » (vous pouvez le trouver à partir du petit moteur de recherche qui se trouve en haut à gauche) : http://unmondesansfautes.blogspot.fr/2015/01/un-monde-sans-fautes.html
    Bien cordialement.

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  4. Bonjour, je me permets de rajouter une nuance, à confirmer (ou pas) par vous(-même ;-): je dirais que quand le nous/vous-même est un pronom réfléchi (l'équivalent de "soi-même"), alors il se met au singulier, même si l'on s'adresse à plusieurs personnes... Par exemple, s'adressant à un groupe de personnes "Vous devez vous pardonner à vous-même" (sous-entendu chacun dans le groupe se pardonne à soi-même). Qu'en pensez-vous ?

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    1. Cher inconnu… Votre question est intéressante et j'espère y répondre avec le plus de clarté possible. La langue française est riche de ces nuances qui compliquent parfois légèrement les choses.
      Pourtant, l'accord de « même » ne peut donner ici cette précision que vous souhaiteriez lui voir apporter.
      Pourquoi ? Lorsque « même » suit un pronom personnel, il est ADJECTIF et s'accorde en conséquence avec le pronom auquel il se rapporte. Si le « vous » représente plusieurs personnes, il prendra un « s » ; s'il s'agit d'un « vous » de politesse, il restera au singulier. Il n'y a pas d'autre choix.
      « Mais j'ai bien compris cela, me direz-vous. Vous ne répondez pas à ma question ! » Si, tout est déjà dans la première partie de la réponse. Votre exemple est en effet faussé, dans la mesure où le premier « vous » serait au pluriel et le second au singulier, et cela n'est pas possible.
      Reprenons cet exemple (même s'il est un peu pléonastique) : « Vous devez vous pardonner à vous-même. » À présent, imaginons ceci : l'orateur parle à un groupe d'amis qu'il a l'habitude de tutoyer. Que deviendrait votre phrase… « Vous devez vous pardonner à toi-même » ?
      Le « vous » ne peut donc changer de nature en cours de phrase, il est soit individuel (« Vous devez vous pardonner à vous-même » ou « tu te dois te pardonner à toi-même »), soit collectif (« Vous devez vous pardonner à vous-mêmes).
      Pour lever toute ambiguïté, vous devrez donc changer de formulation. Vous aurez alors l'embarras du choix : « Vous devez vous pardonner mutuellement » ; « Que chacun d'entre vous commence par se pardonner ses propres erreurs »…
      Bien amicalement.

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    2. Bonsoir Monsieur Bodin. J'ai un doute proche de celui énoncé le 9 janvier, pour ce qui est du "nous-même" dans une acception de sens individuel généralisé proche du "soi-même", du "chacun". Par exemple dans la phrase : "Qui d'autre que nous-même(s) décidera de notre vie ?", qu'en pensez-vous ? En vous remerciant, Orianne

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    3. « Qui d'autre que nous-même décidera de notre vie ? »
      Bonjour Orianne... En lisant cette phrase avec « nous-même » au singulier, je pense immédiatement que celui qui l'a écrite ne parle que pour lui-même (en utilisant un « nous »  de majesté ou un « nous » de modestie). Il serait donc possible de remplacer cette question par une autre : « Qui d'autre que moi-même décidera de ma vie ? »
      Ainsi formulée, cette question pourrait également signifier : « Qui d'autre que moi-même (toujours « nous » de modestie ou « nous » de majesté) décidera de notre vie (à tous) ? »
      Je pense que le pluriel est donc ici indispensable et ne laisse que peu d'ambiguïté (en la matière) sur le côté individuel de la décision.
      Si vous craignez de laisser un doute, vous pouvez toujours reformuler en écrivant, par exemple : « Qui d'autre que chacun d'entre nous décidera de sa propre vie ? »… Bien amicalement.

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    4. Merci pour cet éclairage ! Très belle soirée à vous, Orianne

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  5. Bonjour,
    Cela m'a beaucoup intéressé, merci !
    Une remarque sur l'anglais dans "Nous sommes nous-même ravie
    qu'Un monde sans fautes rappelle "at the
    French people" l'existence du nous
    de majesté."
    Je dirais plutôt "to the french people", car "at" est plutôt suivi d'un lieu ou d'un instant (at home, at noon, ...).
    Bien cordialement.

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    1. Oups ! Je vous réponds bien tardivement. Elisabeth vous remercie bien vivement de cette correction. Il est vrai que ce n'est pas sur ce blog que vous risquez de trouver un monde sans fautes d'anglais. Encore merci et bien amicalement.

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