mardi 6 janvier 2015

Quand il devient capital d’accentuer ses capitales (les accents sur les majuscules)

Regardez cette photo ! Vous voyez cet accent sur le E de PENSÉES ? Cet ouvrage a pourtant été publié en 1683. En français, contrairement à beaucoup d’idées reçues et fort tenaces, il convient d’accentuer ses majuscules. Voilà pourquoi !
accent sur les majuscules
Une édition de 1683 des Pensées de Pascal ! Malgré les contraintes techniques que cela représentait, la majuscule est bien accentuée. (Photo publiée avec l’aimable autorisation de M. Pierre Brillard)
L’AUGMENTATION DES RETRAITES : des retraites ou des retraités ? Tel est l’exemple qu’Yves Perrousseaux (1940-2011) utilise dans son Manuel de typographie française élémentaire afin de démontrer l’importance de l’accentuation des majuscules dans notre langue.

Dans ce même livre, l’auteur (typographe et professeur d'université) fait un bref historique de cette accentuation particulière. Et il insiste :
« En typographie française, et depuis le courant du XVIe siècle, on met les accents sur les bas de casse et sur les capitales (il n’y a pas à faire de différence entre l’accentuation des minuscules et des majuscules : c’est la même règle qui s’applique dans les deux cas de figure) [] »

Faut-il mettre des accents sur les majuscules
Une réédition de 1948.
Les bons éditeurs, ici Gallimard,
ont toujours cherché à accentuer
les majuscules.
Yves Perrousseaux précise également que, malgré les difficultés techniques, les bons typographes ont toujours ajouté (quand cela leur était possible, et manuellement s’il le fallait) des accents sur les capitales.

La fin du XIXe siècle marque cependant un tournant dans l’histoire de cette accentuation : les imprimeries françaises s’équipent de machines composeuses de conception anglo-saxonne, conçues pour l’anglais, une langue non accentuée ! À la même époque, des machines à écrire elles aussi anglo-saxonnes envahissent les bureaux et les secrétariats… Aucune convention n’a jamais empêché typographes et autres professionnels d’accentuer les majuscules, seul un matériel inadapté les y a contraints pendant près d’un siècle.

Accent sur les majuscules : un maire tué dans sa ville

À partir des années quatre-vingt-dix, l’usage des traitements de texte a enfin permis de remédier à cette infirmité. Pourtant, l’idée selon laquelle on n’accentue pas les capitales demeure encore vivace. On remarquera d’ailleurs que de nombreux textes sont « mixtes » : quelques capitales sont accentuées, d’autres non. Mieux vaut éviter ce mélange des genres qui dénote un certain manque de suite dans les idées, voire de la négligence.

Ce n’est peut-être qu’un détail, mais dans un CV, la présence de majuscules accentuées révèle une bonne maîtrise du traitement de texte utilisé (si de plus vous vous appelez Éric Ébrazia ou Ève Êgleton, et que vous ne souhaitez pas que l’on écorche votre nom, une telle accentuation s’impose).

Oui, cet usage fait aujourd’hui beaucoup plus professionnel. Il permet surtout de délivrer des messages plus clairs, dénués de toute ambiguïté. Imaginez par exemple un journaliste de province tenant mordicus à son idée de ne pas accentuer les capitales. Il aimerait intituler son nouvel article : LE MAIRE DE TROUFFIGNAN TUE DANS SA VILLE. Le hic, c’est que c’est le maire de Trouffignan qui a été tué dans la nuit.


Savez-vous pourquoi il convient de mettre des traits d’union dans les noms de rue : boulevard Georges-Pompidou, rue Jean-Bodin, impasse Maximilien-Robespierre… La réponse est ici : Les traits d’union dans les noms de rue.



4 commentaires:

  1. L’OCÉAN EST SALE, L’OCÉAN EST SALÉ
    J'ai lu quelque part que Gutenberg lui-même recommandait d'accentuer les capitales

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  2. Merci pour ce nouvel exemple, Xavier ! Il est en effet très explicite.

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  3. J'ai moi même un accent dans mon Nom de famille

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